LA VOYAGE A MADA
VOYAGES VERS L’OUEST.
Du vent plein les voiles, deux, trois, cinq navires cinglent vers le sud. Le spectacle qu’ils offrent, ce matin, à l’horizon du Canal Mozambique, est désigne d’un film de pirates. Rien ne vient rappeler l’an 1998, dans ce cadre en cinémascope ou revit l’époque de la marine en bois, Le gréement des grands voiliers ressemble étrangement à celui des goélettes européennes d’autrefois. Et pour cause. Il s’agit bien de goélettes, avec leurs deux mâts et leurs voilure caractéristiques : foc, trinquette, misaine, grand-voile.
Pourtant, tout le monde les rappelle « botry » (boutre) sur la côte occidentale de Madagascar, qu’elles longent à longueur d’année, transportant les marchandises de port. L’apparentement est compréhensible, tant les boutres ont marqué l’histoire de la région. Ils continuent d’ailleurs à assurer une bonne part du trafic maritime entre les villes de la côte Nord-ouest et les îles comoriennes. Mais, propulsés par la seule force du vent ou par un moteur diesel, leur mât avant incliné et leur château arrière les privent de tout cousinage avec les hautes goélettes.
Les premiers boutres sont arrivés dans cette partie du monde il y a des siècles, avant-gardes d’une expansion arabe et swahilie qui trouvaient ses confins dans le Sud-ouest de l’océan indien. On les construisait depuis longtemps sur les rives de la Grande Ile lorsque les goélettes sont arrivées.
Non par la mer, mais dans la tête d’un homme qui, aujourd’hui d’où il est, ne peut sans doute pas imaginer sa postérité.